_-------En 1939 l'Europe domine largement le monde et ses colonies s'étendent sur toute l'Afrique et la majeure partie de l'Asie. Trois régimes totalitaires dominent l'Europe : l'Allemagne hitlérienne, l'Union soviétique stalinienne et l'Italie fasciste. Le 1er septembre 1939, les troupes allemandes envahissent la Pologne. Le 3 septembre le Royaume-Uni puis la France déclarent la guerre à l'Allemagne : c'est le début de la Seconde Guerre Mondiale.
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Après l'invasion par l'Allemagne d'une grande partie de l'Europe, certaines personnes refusent la défaite.
" Quand le cap des Misères changera de nom
Quand les jeunes filles pourront rire
Quand l'amour aura mis ses masques de travers
Quand on ne prendra plus la cire
Et le miel aux abeilles
Quand les fleurs seront encore nôtres, quand Paris
Retrouvera Paris sous le dernier camion,
Alors ce sera le grand printemps sur notre terre."
Extrait de Pierre Seghers, Paris 43, Le Temps des merveilles (1978)
A la suite de la défaite, la France est divisée en deux zones : la zone occupée ( au Nord et a l'Ouest ) et la zone non occupée.
De nombreuses personnes, tant françaises qu'étrangères, refusent cette situation engendrée par la défaite.
"le feu sanglant, la soif rageuse d'etre libre
il y a des milions de sourds les dents serrées
il y a le sang qui commence à peine à couler
il y a la haine et c'est assez pour espérer."
Extrait de Pierre Emmanuel, L'Honneur des poêtes ( 1943)
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La Résistance commence alors très lentement à s'organiser. A l'étranger, elle s'organise à Londres : les Français Libres, réunis autour du général De Gaulle refusent la défaite et l'armistice de juin 1940. C'est dans cette optique que le lendemain même de la demande d'armistice de Pétain, le général De Gaulle lance un appel à la poursuite du combat: c'est l'appel du 18 juin 1940 lancé depuis Londres sur la BBC.
Autour du général De Gaulle des volontaires constituent les Forces Françaises Libres.
En France, et notamment dans le sud, la Résistance à ses débuts est une série de petits gestes éparpillés, qui expriment plus une réaction instinctive qu'un mouvement organisé. des petits bouts de papiers, des tracts puis des journaux commencent doucement à être fabriqués puis diffusés, dans une totale impréparation.
"Nous parlons à voix basse et nous tendons l'oreille
A maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.[...]
Si nous ne dormons pas c'est pour guetter l'aurore
Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent."
Extrait de Robert Desnos, Demain, Etat de Veille (1943)
Les résistants du tout début, trèspeu nombreux, apprennent le combat clandestin au fur et à mesure des arrestations, et comment peu à peu à mieux s'organiser pour pouvoir être efficaces.
Le 11 novembre 1942, l'invasion de la zone Sud puis le refus du STO ( service du travail obligatoire ) imposé à partir de début 1943 font considérablement augmenter les effectifs des réseaux et des maquis (Vercors, Limousin. . . ).
Dans la zone Sud trois mouvements de résistance se développent : "Libération Sud" en 1940, "Combat" en 1941 et "Franc-tireur", en 1942. On trouve au Nord "Libération Nord" et "Défense de la France". En juillet 1942, la France Libre prend le nom de France Combattante. C'est d'abord en zone Nord que se développent les réseaux à cause de l'occupation allemande. En France les mouvements de résistance sont unifiés en mai 1943 au sein du Conseil National de la Résistance(CNR), notamment grâce à l'action de Jean Moulin.
"Mon peuple est là dans ma ville majeure
Qui s'est levé sans attendre le jour "
Extrait de Louis Aragon, Chant Français.
En 1944 sont créées les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI), commandées par le général Koenig, qui regroupent les différents groupes armés. Elles participeront à la Libération aux côtés des Alliés.
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Le groupe de résistance Morhange, est l'un des plus célèbres groupes résistant toulousain. Il est créé en 1943 par Marcel Taillandier (1911-1944).
(Marceil taillandier , dit Morhange )
(Invasion de la zone Sud les soldats allemands a Toulouse .)
Informations tirées du livre Histoire de la Résistance de Michel GOUBET/ Paul DEBAUGES et du livre Toulouse, mémoire de rues d'Elérika LEROY
Listes des agents permanents d'action directe, de renseignement et d'odre administratif du réseau Morhange.
Agents permanents d'action directe
Les "X"
-X1 Marcel Taillandier, alias Morhange, tué par la Gestapo.
-X2 Achille Viadieu, alias Ginou, tué par la Gestapo.
-X3 Pierre Rous, alias Jean-Pierre, successeur de Morhange à la tête du réseau.
-X4 André Fontes
-X5 Jacques Combatalade, alias Jacky.
-X6 Léo Hamard, tué par la Gestapo.
-X7 Paul Favre .
-X8 Maurice Colette.
-X9 André Audebaud, alias l'Aigle.
-X10 Raymond Ruelle.
-X11 Bronislov Doradzinski, alias Bruno.
-X12 Pierre Labarthe, alias l'Ariégeois.
-X13 Maurice Espitalier, alias Espi.
-X14 Pierre Saletes, alias Pierrot.
-X15 Pierre Saint-Laurent, alias Saint-lo.
-X16 Yvon Valat.
Juliette Espitalier est la femme de Maurice, elle particpe aux activités du groupe. Elle est arrêtée à toulouse pour des faits de résistance et déportée. Après la libération elle témoigne des circonstances de son arrestation. (voir document ci-bas)
"Je trahirai demain pas aujourd'hui.
Aujourd'hui, arrachez-moi les ongles,
Je ne trahirai pas.
Vous ne savez pas le bout de mon courage.
Moi je sais.
Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.
Vous avez aux pieds des chaussures
Avec des clous.
Je trahirai demain, pas aujourd'hui,
Demain."
Extrait de Marianne Cohn (dite Colin) Novembre 1943 (arrêtée avec un convoi d'enfants qu'elle accompagnait en Suisse .)
"Ceux qui n'ont pas voulu se rendre
Ceux qui n'ont pas voulu se vendre
Les enfants couleur de patrie
Ont caché leur coeur sous la cendre
Dans la flamme cherché l'abri
Des salamandres"
Extrait de Louis Aragon, Gloire.
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Contrairement aux autres groupes de Résistance, le groupe Morhange ne fabrique pas de moyens de propagande (journaux). En effet, leurs actions, militaires essentiellement, ne nécessitent pas de recruter de nouveaux membres.
C'est un goupe restreint et fermé. Chaque membre avait une mission assignée.
Les membres du groupe Morhange étaient réputés pour être des "fous-furieux". C'est à eux qu'on assignait les missions les plus dangereuses et périlleuses, notamment l'infiltartion dans les groupes de la collaboration et les institutions allemandes (Gestapo), car les membres du groupe n'hésitaient pas.
Le château de Brax, repère du groupe Morhange, devient à la fois une cache d'armes et un tribunal militaire clandestin, présidé par un vrai magistrat toulousain membre de la Résistance, où ceux considérés comme des traîtres à la Nation sont jugés en fonction du code militaire en fonction. la peine de mort est toujours prononcée contre ces individus, collaborateurs notoires, et c'est un membre du groupe, sur ordre de ce magistrat, qui exécute la sentence.
(château de Brax)
1) Certains membres du groupe Morhange tel Pierre Saint-Laurens par exemple, s'infiltrent dans la Gestapo , ou se sont rapprochés au plus près de l’ennemi, pour obtenir des renseignements (infiltration dans la S.I.P.O, et dans le Sicherheitsdienst toulousain). Taillandier parvient à infiltrer un agent X (st Laurens ) dans l’équipe toulousaine de la Gestapo que dirige le SS Wilhelm Redzeck .
Celui-ci vit a l’hôtel Capoul ( place Wilson), avec sa maîtresse Paulette Bordier. Il avait deux adjoints dangereux, l’espagnol Émile Alzugaray et l’italien Bruno Toniutti .
2) Les actions qui semblent invraisemblables de ses membres sont pourtant attestées par plusieurs témoignages convergents. Ce réseau infiltre aussi souvent que possible des agents dans les institutions de Vichy et de la Gestapo. Son objectif principal est l’identification et l’élimination des auxiliaires français et de la police Allemande, mais aussi la collecte d'informations qui sont destinées à la Résistance (opérations contre les maquis, répression, etc..)
"Je vous salue vous qui dormez
Aprés le dur travail clandestin,
Imprimeurs, porteurs de bombes, déboulonneurs de rails, incendiaires,
Distributeurs de tracts, contrebandiers, porteurs de messages,
Je vous salue vous tous qui résistez, enfants de vingt ans au sourire de source,
Vieillards plus chenus que les ponts, hommes robustes, images des saisons,
Je vous salue au seuil du nouveau matin."
Extrait de Robert Desnos, Le veilleur du Pont-au-Change, Etat de veille (1943)
(Sabotage d'une voie de chemin de fer .)
3) Son fondateur, l’adjudant Marcel Taillandier, qui prend le pseudonyme de Morhange, s'occupe du camouflage du matériel lorsqu’il appartient encore à l’armée de l’armistice. Il recrute surtout dans l’armée et dans la police, où il conserve des antennes. Il possèdait ainsi d’excellentes informations puisées à la bonne source : les RG ( les renseignements généraux), l’intendance de police, la direction de la gendarmerie. Certains des membres du réseau comme Salètes, restent dans la police jusqu’à ce qu’ils soient démasqués ; ils s'enfuient alors dans « Les Hauts De Hurlevent » ( c'est à dire la forêt de Grésigne). D’autres réussissent à se maintenir dans l’Administration jusqu’au bout. Ils continuent d’être aidés par des inspecteurs ou des officiers de gendarmerie résistants dont le nombre ne cesse de croître.
4) L’activité du réseau consiste à enlever les agents les plus dangereux au service des Allemands; on les amène ensuite au siège du groupe, où ils sont longuement interrogés. Les renseignements ainsi obtenus sont groupés dans des dossiers et transmis à l’antenne de la France Libre de Barcelone. Mais il n'est plus être question de relâcher les prisonniers: vient alors la partie macabre de l’affaire, les «pompes funèbres » du château. Un fossoyeur prépare toujours trois tombes d’avance en cas de besoin; il est rare qu’elles restent longtemps inoccupées. Il y a même un bourreau, Pierre, âgé de moins de 20 ans, personnage inquiétant qui prend plaisir à ses fonctions et se plaint lorsqu’il n’a pas de collabos à dépêcher.
"Mais il faut maintenant changer de ton de tour
car trop de mes amis sont morts en pleine nuit "
Extrait de Claude Roy, Les cloches du sommeil, Les Circonstances (1970)
(exectution de résistants )
5) Par un excellent agent qu’il avait introduit dans le service des renseignements du PPF, Taillandier apprend l’existence et suis l’activité d’une équipe de traîtres qui est à l’origine de l’arrestation de nombreux résistants. Capturés, ils sont jugés le 9 Octobre 1943, par le tribunal militaire clandestin de Brax. Condamnés à mort ils sont exécutés le 10 Octobre 1943.
6) En Juillet 1943, le groupe participe au meurtre de l’intendant de police Barthelet dont la mort est décidée à Alger parce qu’il avait livré les archives des services spéciaux aux Allemands alors qu’il était en poste à Lyon. L’opération est préparé sur place par Morhange avec l’aide d’un agent venu spécialement d’Alger par sous -marin. Le 23 octobre 1943 à 20 heures Barthelet est abattu, alors qu’il rentre dans sa villa au quartier du Busca (par Alphonse Alfasser). Survenant 13 jours après la mort de l’avocat général Lespinasse ce nouvel attentat sème la terreur dans le monde de Vichy, et suicite encore d’opportunes conversions .
Le départ des Allemands
Au matin du 15 août 1944, les Alliés débarquèrent sur les côtes de Provence. L'armée Allemande ayant déjà le sentiment d'être encerclée par les maquisards fut prise par une panique soudaine. On lui donne alors l'ordre de se replier, le 17 août 1944. Avant de quitter les lieux, les Allemands détruiront toutes traces de leur barbarie et de leur lâcheté.
Et, sur les blés en feu, la fuite des oiseaux..." iii
Le 19 août, tout au long de la journée, toutes les troupes allemandes quittent Toulouse, emportant avec eux certains de leurs complices français.
La trahison... "
Ils désertent la ville très précipitement, sans avoir aucun moyens de communication entre eux et en voyant des maquisards partout. C'est une grande victoire pour la Résistance qui a réussit à faire paniquer les Allemands.
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De ta jeunesse
Il n'est pas vrai qu'on nous vainquit
Notre sol ne fut pas conquis
Plus que l'Empire ou que la Corse
Patriotes gloire à ceux qui
Sont notre amour et notre force
Gloire au maquis"
Après plus de 20 mois d'occupation, Toulouse est totalement libérée du joug nazi le 20 août 1944.
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"Il faut libérer ce qu'on aime
soi-même soi- même soi-même"
extrait de Louis Aragon, Marche Française .
(En raison d'un problème technique survenu lors de la réalisation de cette vidéo, nous sommes pour l'instant dans l'impossibilité de vous faire parvenir cette interview. Elle sera disponible ultérieurement. Merci de votre compréhension.
Cordialement, les réalisatrices de ce TPE.)